5e séance du Comité permanent du comté des Deux-Montagnes

L’assemblée patriote dont il est question cette semaine est la 5e séance du Comité permanent du comté des Deux-Montagnes. Le tout se déroule à Saint-Benoît le 13 août 1837 sous la présidence de Jean-Baptiste Poirier, cultivateur de la Grande-Côte à Saint-Eustache. Le notaire Félix-Hyacinthe Lemaire dit Saint-Germain agit quant à lui à titre de secrétaire.

Après avoir lu les procédés de la dernière séance, le docteur Vital-Léandre Dumouchel, fils aîné du marchand de l’endroit Jean-Baptiste Dumouchel, prit la parole devant l’assistance. Il affirme entre autre « qu’il était inutile d’offrir aucune explication au gouverneur relativement à sa conduite publique; qu’il lui suffisait de l’approbation de ses compatriotes et particulièrement de ce comité […] ». Sa déclaration exprime tout à fait la tangente radicale que prennent les patriotes du comté des Deux-Montagnes au cours de l’été et de l’automne 1837.

Dumouchel expose aussi au Comité les communications semblables de son père, ainsi que Jacob Barcelo et Luc-Hyacinthe Masson. Ce dernier se leva alors et entreprit la lecture d’une lettre du secrétaire civil Stephen Walcott à son endroit. Elle dénonçait vaguement le leadership du docteur aux rassemblements du 1er juin à Sainte-Scholastique et de la 3e séance du Comité des Deux-Montagnes tenue à Saint-Hermas le 16 juillet suivant. Masson répond donc aux accusations comme suit : « Sur les accusations du premier genre, j’ai l’honneur de vous répondre, Monsieur, pour l’information de son excellence, que je fais une dénégation générale de toutes représentations malicieuses qui ont pu parvenir à son excellence soit par les dénonciations secrètes de quelque calomniateur, soit par les rapports mensongers de quelques papiers nouvelles soit disant amis de la présente administration ».

Après lecture faite de la réponse du docteur Masson ainsi que la réplique du secrétaire Walcott en date du 8 août 1837, le docteur Jean-Olivier Chénier de Saint-Eustache propose, secondé par Paul Brazeau, que ce genre de communications et correspondances soient « référées à un comité spécial de cinq membres pour les examiner, et faire rapport de son opinion à la prochaine séance du comité permanent ».

Enfin, le notaire Ignace Raizenne et d’autres membres du comité permanent du comté des Deux-Montagnes annoncent lors cette 5e séance :

 

[…] que plusieurs dames patriotes de ce comité avaient projeté une association patriotique, aux fins d’agir, dans la sphère qu’il est permis à leur sexe de parcourir, pour la protection et la défense des droits et des libertés canadiennes, et qu’elles avaient invité leurs concitoyennes à se réunir prochainement chez madame Girouard, à Saint-Benoît, pour prendre ensemble des résolutions à l’effet de concourir, en autant que la faiblesse de leur sexe peut le leur permettre, à faire réussir les mesures dernièrement adoptées par leur maris, leurs enfants, leurs frères et leurs amis dans les assemblées publique et dans les comités locaux et qu’un avertissement à ce sujet avait déjà reçu la signature d’un grand nombre de dames.

 

Puis, sur une motion de Luc-Hyacinthe Masson, secondée par le docteur Vital-Léandre Dumouchel, « il est unanimement résolu que les dames de ce comtés, en mettant à effet le projet en question, méritent bien de leur pays ». On dit par la suite « qu’il est du devoir des membre de ce comité, de ceux des comités locaux, et de tous les bons patriotes de ce comté, d’encourager les généreux efforts de leurs patriotiques épouses, de leurs filles, de leurs sœurs et de leurs bonnes mies, et de leur faciliter les moyens de mettre projet à exécution ».

En dernier lieu, le Comité des Deux-Montagnes vote des remerciements et de chaleureuses félicitations à l’égard du docteur Valois ainsi qu’au notaire André Jobin de Sainte-Geneviève pour avoir remis leur démission en tant que juge de paix. Malheureusement, les journaux de l’époque ne nous donnent pas de plus amples détails sur cet important rassemblement patriote.

 

RÉFÉRENCE

La Minerve, 17 août 1837.

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