Mort tragique du député Jean-Baptiste Lefebvre

Jean-Baptiste Lefebvre naît à Pointe-Claire, sur l’île de Montréal, le 16 septembre 1779. Il est le fils de Jean-Baptiste Lefebvre (Lefaivre), négociant à Montréal, et de Josephte Chénier. Établi à Vaudreuil comme marchand, il épouse Marie-Charlotte Saint-Julien en ce lieu, le 9 juin 1806. Cette dernière est la fille de Michel Saint-Julien et de Marie-Charlotte Cerée.

Au niveau militaire, Lefebvre est nommé capitaine au sein du premier bataillon de milice de Vaudreuil au début de la guerre canado-américaine, en 1812. L’année suivante, il est promu au grade de major dans le deuxième bataillon de la ville et banlieue de Montréal.

En 1827, Jean-Baptiste Lefebvre se porte candidat aux élections générales pour le comté d’York aux côtés du docteur Jacques Labrie de Saint-Eustache. Le tandem réformiste affronte le co-seigneur de la Rivière-du-Chêne, Eustache-Nicolas Lambert-Dumont, et John Simpson de Côteau-du-Lac, du clan constitutionnel. L’élection mouvementée, marquée par une violence omniprésente, se termine à Vaudreuil, le 8 août 1827. À la fermeture du scrutin, Lefebvre et Labrie sont dûment élus à la suite du désistement de leurs adversaires. Tout comme son acolyte, le député Lefebvre appuie sans réserve le Parti canadien durant son court mandat à l’Assemblée législative du Bas-Canada en tant que représentant du comté d’York (ancien vocable du comté des Deux-Montagnes qui réunissait aussi ceux de Vaudreuil et Ottawa).

C’est malheureusement son décès qui attire notre attention particulière. En effet, le marchand de Vaudreuil disparaît tragiquement dans les rapides de Lachine le 3 août 1829, à l’âge de 49 ans, à peine deux ans après son élection comme membre du parlement provincial. Son corps, retrouvé dans les îles de Boucherville le 7 août, est inhumé dans l’église Saint-Michel à Vaudreuil trois jours plus tard.

La Minerve du 3 et 6 août 1829 nous relatent la mort tragique du député Jean-Baptiste Lefebvre. L’article du 3 août débute ainsi : « Nous apprenons que Jean-Baptiste Lefebvre, écr., un des représentants du comté de York, Mlle Lefebvre, sa sœur, Mr Sarault, forgeron, et Mlle Sarault, sa fille, et aussi Mr Chénier, oncle de Mr Lefebvre, tous de Vaudreuil, se sont noyés, cet après-midi, en descendant les rapides de Lachine. Ils étaient dans un bateau avec quatre autres personnes qui se sont sauvées. Quatre quarts de potasse qui se trouvaient dans le bateau ont été perdus. Il paraît que le bateau a chaviré dans un des endroits les plus dangereux des rapides ».

Le journal du 6 août poursuit en ces termes : « Nous avons arrêté la presse lundi soir pour annoncer en peu de mots l’accident tragique qui a privé le pays d’un excellent et zélé citoyen et un cercle étendu de parents et d’amis d’un homme honnête, industrieux, bienveillant, et estimable sous tous les rapports. Cette mort inattendue a causé une sensation qu’il est impossible d’exprimer, et depuis, tant en ville que dans les campagnes où la nouvelle est parvenue, elle est le sujet de toutes les conversations et une source non équivoque de regrets.

Mr Lefebvre a été constamment à son poste à la Chambre d’assemblée depuis son élection, et s’y est fait remarquer par une attention et une justesse d’idées très remarquables. Il laisse une mère âgée, cinq garçons et deux filles dont l’une est l’épouse de Mr le docteur Charlebois.

Nous nous regardons du moins comme heureux de pouvoir contredire l’assertion que Mdlle Lefebvre était noyée aussi. Elle a été ramassée par un homme en canot qui l’a transportée du côté sud, d’où on l’a menée ensuite en voiture à Vaudreuil. Elle était tellement épuisée qu’on l’avait crue morte. On rapporte qu’elle est dans un état très dangereux, et qu’on désespère presque qu’elle puisse jamais recouvrer sa santé. »

Pour sa part, le journal du 10 août écrit que « Mr Lefebvre et ses compagnons d’infortune ont été retrouvés ces jours derniers par les personnes de leur famille qui étaient venues de Vaudreuil pour les chercher. Mr Chénier a été trouvé sur le rivage de la Prairie, Mr et Mlle Sarault, à Longueuil, et Mr Lefebvre dans les îles de Boucherville. Les corps ont été le même jour transportés à Vaudreuil pour y être inhumés ».

Enfin, toujours dans La Minerve du 10 août, mais cette fois dans la section des « petites annonces », on demande l’aide des lecteurs afin de retrouver les effets personnels du député Lefebvre. L’avis public se traduit en ces termes : « Perdus dans le rapide du Sault Saint-Louis, le 3 du courant, lors de la fin tragique de Jean-Bte Lefebvre, écuyer, de Vaudreuil, comme lui appartenant : une petite valise de cuir noir, fermée à la clef, très vieille, où se trouvait un portefeuille dans lequel il y avait plusieurs bills de banque, différents reçus et comptes, ainsi que quelqu’autres effets. En outre, un petit coffre de bois d’environ 18 pouces de long, sur 8 à 10 pouces de large, aussi fermé à la clef, dans lequel coffre, il y avait plusieurs papiers importants à Mr Lefebvre, aussi bien que des hardes et des linges à l’usage de Mlle Lefebvre qui était dans le bateau lorsqu’il a chaviré. Quiconque trouvera ces objets et les remettra à Olivier Berthelet, écuyer, à Montréal, sera généreusement récompensé ».

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