Joseph-Amable Joannette

Au milieu du XIXe siècle, la famille Joannette occupe une place non négligeable dans l’ouest de la paroisse de Saint-Eustache, plus précisément sur la côte Saint-Joseph (actuel territoire de Saint-Joseph-du-Lac).

Pour sa part, Joseph-Amable Joannette naît à Saint-Martin, sur l’île Jésus, dans le comté de Terrebonne, le 16 avril 1785. Il est d’ailleurs baptisé en cette paroisse le même jour. Il est le fils de Noël Joannette et de Catherine Brone. On lui connaît au moins deux frères qui sont tout aussi impliqués dans les événements de 1837 dans le comté des Deux-Montagnes, à savoir Benjamin et Noël Joannette.

Joseph-Amable épouse d’abord en premières noces Marie-Élisabeth Bertrand, le 16 janvier 1809, à Oka. Celle-ci est la fille de Joseph-Vital Bertrand et de Marie-Angélique Séguin. Bref, de cette union naît un certain Moïse dont l’implication politique auprès de son père est à souligner. Joannette épouse en secondes noces Josèphte (Josette) Bouchard dit Lavallée, à Saint-Benoît, le 12 janvier 1824. Elle est la fille de Joseph Bouchard dit Lavallée et de Josèphe Parent. Enfin, le 17 octobre 1842, il se marie une dernière fois à Saint-Eustache avec Rosalie Proteau. Cette dernière est la veuve de Pierre Lécuyer.

Les recensements de l’époque nous aident à situer le personnage. En fait, comme la plupart des membres de sa famille, Joseph-Amable Joannette s’installe sur la côte Saint-Joseph, à Saint-Eustache, en tant que cultivateur. Le 7 novembre 1831, nous savons qu’il signe la première pétition des habitants de cet endroit afin d’être rattachés à la paroisse de Saint-Eustache.

L’implication politique en 1837 de Joannette demeure néanmoins limitée. Contrairement à son frère Noël, Joseph-Amable ne semble pas participer aux divers rassemblements publics qui caractérisent le comté des Deux-Montagnes entre 1834 et 1837. Toutefois, quelques jours avant l’ultime affrontement à Saint-Eustache, Joannette participe, vraisemblablement aux côtés de son fils, à l’expédition menée sur la mission du Lac des Deux-Montagnes (Oka), au matin du 30 novembre 1837. En effet, le groupe, sous les ordres de Girod dans ce cas-ci, est chargé de perquisitionner le comptoir de la Baie d’Hudson tenu par l’agent McTavish à Oka. C’est Gilbert Spénard, menuisier de Saint-Eustache, en date du 4 décembre 1837, qui dénonce la participation des Joannette dans ce raid qui, à vrai dire, ne récolte qu’un maigre butin. En ce sens, le groupe de Girod et Chénier, dont Joannette fait partie, ne prend que « huit fusil, deux barils de poudre à tirer, trois barils de balles [et] environ deux milles livres de plomb en sacs ».

C’est peut-être à la suite de cet événement que Joseph-Amable Joannette est considéré comme étant compromis dans la rébellion de 1837 par le curé de Saint-Eustache, Jacques Paquin, un ardent loyaliste, qui réalise un recensement de l’allégeance politique de ses paroissiens en 1839.

Dans la même veine, Joannette, tout comme ses deux frères, est qualifié de patriote par Jean-Baptiste Paquin, son propre capitaine de milice, qui effectue aussi un inventaire politique de ses hommes le 11 septembre 1839.

Le 10 mars 1846, par le biais du marchand William Henry Scott qui agit à titre de juge de paix dans la région, Joannette fait une demande de réclamation à la Commission des Pertes en 1837-1838, chargée par le gouvernement d’étudier la question des dommages et pertes subis par la population bas-canadienne. Voici intégralement de quelle manière Scott traduit la réclamation de Joseph-Amable Joannette :

« Pardevant moi William Henry Scott, écuier, juge de paix demeurant à Saint-Eustache, District de Montréal, a comparu Amable Joanette, cultivateur de la même paroisse de Saint-Eustache; lequel sous serment prêté déclare que dans l’automne 1837, il fut désarmé par les volontaires d’un fusil qu’il évalue à quatre vingt quatre livres ancien cours. »

Enfin, le nom de Joannette se retrouve sur la pétition des paroissiens de Saint-Eustache afin d’empêcher le départ du curé de Saint-Eustache Hippolyte Moreau, en date du 23 novembre 1852. Joseph-Amable Joannette s’éteint à Saint-Eustache le 8 mai 1855 à l’âge de 70 ans. Il est inhumé dans le cimetière paroissial le lendemain.

Références :

Archives de l’évêché de Saint-Jérôme, Première pétition des habitants de la côte Saint-Joseph pour être rattachés à la paroisse de Saint-Eustache, 7 novembre 1831.

Archives de l’évêché de Saint-Jérôme, Pétition des paroissiens de Saint-Eustache pour empêcher le départ du curé Hyppolite Moreau, 23 novembre 1852.

BAC, Feddocs, Lower Canada Rebellion looses claims 1837-1855, Project #19-2, RG 19, series E-5-B (R200-113-0-F), volume 5482, no 190 ; volume 5482, #1916, sous no 58, p. 29.

BAC, recensement de 1842, County of the Lake of Two-Mountains, St. Eustache Parish, bobine C-728.

BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no 767, déposition de Gilbert Spénard.

PAQUIN, Jacques, « Tableau politique », La Revue des Deux-Montagnes, annoté par Claude-Henri Grignon, no 5, octobre 1996, p. 43-65.

Répertoire des Actes de baptêmes, mariages et sépultures (R.A.B.), P.R.D.H.

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