La crise agricole : les premiers contrecoups au Bas-Canada

 

Les historiens sont divisés sur les débuts la crise agricole au Bas-Canada. D’après Fernand Ouellet, la crise s’enracine après 1802 pour se poursuivre jusqu’en 1850. Il explique que la décennie 1802-1812 est caractérisée par un recul marqué des exportations de farine et de blé. Mais en fait, pourquoi le blé est-il autant affecté ?

            Déjà depuis les premiers balbutiements du régime français, au dire de W. H. Parker, la culture du blé était, comme dans les vieux pays, la base de l’économie rurale. Malgré quelques différences locales, l’activité agricole est appuyée solidement et principalement sur le blé. En fait, on sait que le pain était la base de l’alimentation et le blé la denrée la plus en demande sur les marchés impériaux. Au XVIIIe siècle, la production de blé augmente plus vite que la population. Toutefois, un écart se précise au début du XIXe siècle entre la production et la croissance économique qui est de plus en plus spectaculaire. Le blé constitue le gros de la récolte, la base de la subsistance et la principale source de revenu du paysan canadien-français.

            Selon Ouellet, les premières années du XIXe siècle marquent aussi le début de ce qui devient bientôt une crise générale de l’économie rurale. L’élément moteur de la crise réside d’abord dans le déclin par étapes de la production du blé dans les seigneuries. Au début des années 1820, le Bas-Canada est déficitaire dans sa production de blé si bien qu’il est obligé d’importer celui-ci en grande quantité du Haut-Canada. En 1825-1826, les surplus dans la colonie sont faibles et le produit fini est de très mauvaise qualité, de sorte qu’il est difficile de le transformer en farine. Le Bas-Canada devient, par conséquent, de moins en moins concurrentiel avec la production américaine et haut-canadienne.

De 1826 à 1829, la colonie francophone est marquée de plusieurs mauvaises récoltes. Selon Ouellet, le déficit annuel est d’environ 43 000 quarts de blé et de farine. En fait, de 1823 à 1832, le Bas-Canada connaît trois déficits et huit surplus médiocres. Or, à partir de 1832, le déficit est chronique et considérable ; la chute de l’agriculture est décisive. D’ailleurs, plusieurs observateurs attribuent la rareté de 1832 à l’épidémie de choléra. En ce sens, le prix des produits alimentaires augmente parce que les gens craignent de venir au marché. Puis, comme d’habitude, l’explication à la famine de 1832-1833 se porte sur les techniques agricoles déficientes et les mauvaises conditions atmosphériques. Nous verrons éventuellement les premières causes de cette crise agricole, telles la saturation du territoire, le régime seigneurial et les mauvaises techniques agricoles.

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