Une assemblée pro-patriote à Londres

Les passionnés de l’histoire des rébellions de 1837-1838 ne sont peut-être pas sans savoir que les réformistes du Haut-Canada et les patriotes du Bas-Canada avaient des appuis non seulement outre frontière, mais aussi outre-mer. En effet, prenons d’abord l’exemple de l’Angleterre. Évidemment, plusieurs députés radicaux britanniques et irlandais (mieux connus sous le nom de Philosophic Radicals) approuvent et soutiennent les 92 Résolutions des patriotes. Certains sont d’ailleurs des représentants officiels du parti patriote à la Chambre des Communes britannique.

D’autres organisations sont aussi impliquées en faveur des patriotes, notamment une association de travailleurs-ouvriers londoniens. En septembre 1837, la London Working Men’s Association fait parvenir un message d’appui au Comité central et permanent du district de Montréal qui dit entre autres : « L’Association des Industriels de Londres a voté une éloquente, patriotique et fervente adresse au peuple canadien, le félicitant de sa position ferme qu’il a prise contre les résolutions-monstres, le priant de ne pas se soumettre aux lois de ses tyrans et sympathisant de cœur et d’esprit avec lui, exposé qu’il est aux insultes et aux outrages les plus insupportables. »

C’est ainsi que le 4 janvier 1838, une assemblée publique d’une ampleur sans précédente est tenue au Crown and Anchor Tavern Stand de Londres. Organisé par la London Working Men’s Association devant environ 4 000 personnes, c’est le plus grand rassemblement pro-patriote en Grande-Bretagne.

Plusieurs orateurs de prestance se succèdent donc sur la tribune : John Arthur Roebuck, député de Bath et agent officiel de l’Assemblée législative bas-canadienne à Londres, Henry Samuel Chapman, émissaire du parti patriote en Angleterre, le célèbre député et leader irlandais Daniel O’Connell, John Temple Leader, jeune député de Westminster, ainsi que d’autres tels William Molesworth et William Lovett. Nous parlerons de ces messieurs, d’une importance capitale dans l’histoire du mouvement patriote, dans d’ultérieures chroniques.

Durant l’assemblée, on y lance un périodique portant sur la question canadienne : The Canadian Portfolio. Il est d’ailleurs publié sur une courte période, soit du 4 au 23 janvier 1838 (5 numéros au total). Le journal contient principalement de la correspondance que les Radicaux publient dans la presse britannique ainsi que des extraits de divers discours politiques, notamment ceux de John A. Roebuck.

Références :

AUBIN, Georges, Au Pied-du-Courant. Lettres des prisonniers politiques de 1837-1839, Montréal, Comeau & Nadeau Éditeur, 2000, 458 p.

Bulletin d’histoire politique, « Les Rébellions de 1837-1838 au Bas-Canada », Montréal, Comeau & Nadeau Éditeurs, vol. 7, no 1, automne 1998, 222 p.

DELORIMIER, Chevalier, 15 février 1839 – Lettres d’un patriote condamné à mort, Montréal, Comeau & Nadeau Éditeur, édition préparée par Marie-Frédérique Desbiens et Jean-François Nadeau, 2001, 126 p.

FILTEAU, Gérard, Histoire des Patriotes, Sillery, Septentrion, 2003, 630 p.

LAPORTE, Gilles, Patriotes et Loyaux. Leadership régional et mobilisation politique en 1837-1838, Sillery, Septentrion, 2004, 415 p.

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