Marie-Victoire Félix : une grande femme patriote

Marie-Victoire Lamédèque dit Félix est la fille de Pierre Lamédèque dit Félix et de Louise Laselle. Elle naît à Montréal, le 26 février 1783, et y est baptisée le lendemain. Nous connaissons très peu de chose sur la jeunesse de cette femme. Nous savons toutefois qu’elle arrive dans la paroisse de Saint-Benoît le 6 novembre 1802, à l’âge de 19 ans, alors que son frère Maurice-Joseph Félix y est nommé curé de l’endroit.

Une de ses sœurs se nomment Marie-Louise et est la première épouse du notaire patriote Jean-Joseph Girouard de Saint-Benoît. Pour sa part, Marie-Victoire Félix épouse le marchand patriote Jean-Baptiste Dumouchel le 13 février 1809. De cette union naît quatre enfants dont trois seront fortement impliqués dans les troubles de 1837 dans le comté des Deux-Montagnes, à savoir Vital-Léandre, Hercule et Camille Dumouchel.

En outre, nous savons qu’elle était, semble-t-il, fortement impliqué dans la mobilisation patriote féminine entre 1834 et 1837 aux côtés d’autres femmes de leaders importants tels Zéphirine Labrie (épouse du docteur Jean-Olivier Chénier), Émilie Berthelot (fille du notaire patriote Joseph-Amable Berthelot et seconde épouse du notaire Girouard susmentionné), Marie-Louise Félix (sa sœur et première épouse de Girouard) et Louise Choquette (mère des frères Luc-Hyacinthe et Damien Masson).

Il est fort à parier qu’elle a joué un rôle déterminant dans l’Association des dames patriotiques du comté des Deux-Montagnes, approuvée par le Comité permanent du même comté lors de leur 5e séance tenue à Saint-Benoît le 13 août 1837 sous la présidence de Jean-Baptiste Poirier. Lors de cette assemblée publique, le lieutenant-colonel Ignace Raizenne annonce au comité le désir des femmes patriotes du comté de former une Association des dames patriotiques et ce, afin « d’agir dans la sphère qu’il est permis à leur sexe de parcourir, pour la protection et la défense des droits et des libertés canadiennes ». Elles projètent notamment de se réunir prochainement chez madame Girouard (Marie-Louise Félix) à Saint-Benoît pour prendre ensemble des résolutions à l’effet de concourir à faire réussir les mesures dernièrement adoptées par leurs maris, leurs enfants, leurs frères et leurs amis dans les assemblées publiques et dans les comités locaux.

De plus, selon plusieurs sources, Marie-Victoire Félix et Louise Choquette aurait cousu le fameux drapeau des patriotes du comté des Deux-Montagnes – celui orné d’un maskinongé, de feuilles d’érable et de pommes de pin – que l’on peut toujours observé au Musée du Château Ramezay de Montréal.

Enfin, son nom figure aussi sur une requête des habitants de Saint-Benoît adressé à Mgr Ignace Bourget afin de faire reconstruire l’église paroissiale incendiée par les troupes britanniques et volontaires lors de leur passage les 15 et 16 décembre 1837. La dite requête est réalisée le 10 mars 1848 et acheminée le 18 suivant.

Marie-Victoire Félix meurt à Saint-Benoît, le 8 mars 1853, à l’âge de 70 ans. Elle est inhumée en ce lieu trois jours plus tard. Son fils aîné Léandre Dumouchel assiste d’ailleurs à l’événement en compagnie du notaire Félix Lemaire dit Saint-Germain, un proche de la famille.

Références :

BERNARD, Jean-Paul, Assemblées publiques, résolutions et déclarations de 1837-1838, vlb Éditeurs, Montréal, 1988, 308 p.

DUBOIS, abbé Émile, Le feu de la Rivière du Chêne. Étude historique sur le mouvement insurrectionnel de 1837 au nord de Montréal, Saint-Jérôme, J.-H.-A. Labelle, 1937, 341 p.

GREER, Allan, Habitants et Patriotes. La Rébellion de 1837 dans les campagnes du Bas-Canada, Montréal, Boréal, 1997, édition originale publiée par University of Toronto Press sous le titre de The Patriots and the People en 1993, 370 p.

La Minerve, 17 août 1837.

Le Canadien, 23 août 1837.

REEVES-MORACHE, Marcelle, Les Québécoises de 1837-1838, Montréal, Les Éditions Albert St-Martin, coll. L’Histoire de ce pays, 1975, 27 p.

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