Le British Rifle Corps

 

Cette organisation paramilitaire constitutionnelle qu’est le British Rifle Corps (BRC) n’a qu’une très courte existence. Un peu plus d’un mois en fait! Malgré tout, elle s’inscrit logiquement dans l’agenda politique des bureaucrates. La création de ce regroupement paramilitaire marque ainsi l’apothéose des craintes des loyaux à l’égard des patriotes. Du 12 décembre 1835 au 20 janvier 1836, le BRC tient 13 activités dont sept réunions importantes. L’historien Gérard Filteau affirme pour sa part que la création du BRC serait l’initiative d’Adam Thom, rédacteur en chef du Montreal Herald, farouchement opposé aux patriotes.

 

            La première assemblée du British Rifle Corps se déroule au Jone’s Long Room de Montréal le 12 décembre 1835 devant 400 partisans. Le groupe est donc créé « afin de protéger les intérêts de la population d’origine britannique ». Trois jours plus tard, un comité est mandaté pour trouver des armes et des munitions. Le lendemain 16 décembre, on officialise la fondation de l’organisation que l’on connaît dans la presse francophone sous le nom de Corps de carabiniers ou de Légions bretonnes.

 

            Le 22 décembre suivant, on adresse une lettre au gouverneur Gosford dans le but de faire sanctionner officiellement l’organisation auprès des autorités. Les signataires sont tous membres de la Montreal Constitutional Association dont le Dr Thomas Arnoldi, fils d’un fondateur de la German Society, Francis Hunter, membre du comité central de la Montreal Constitutional Association, Robert Weir, Robert Mackay, Samuel Gerrard et… Aaron P. Hart, futur avocat des patriotes!

 

            Lord Gosford fait connaître sa réponse dès le 28 décembre 1835. Il refuse catégoriquement d’entériner la formation du BRC. Il considère que les intérêts britanniques ne sont nullement en danger, mais que s’ils l’étaient, ce serait le rôle de l’armée de sa majesté de s’en occuper et à ses propres citoyens. Il affirme finalement qu’une telle organisation militaire est un affront à l’ordre public en temps de paix. En conséquence, un vent de protestation souffle chez les loyaux.

 

            Dès le 31 décembre, les membres du BRC répondent au gouverneur de leur insatisfaction. Ils mettent l’accent sur le fait qu’il y a bel et bien un danger pour les Britanniques, surtout à la suite des doctrines révolutionnaires véhiculées par Louis-Joseph Papineau et sa députation patriote.

 

            Le 7 janvier 1836, une autre réunion se tient à Montréal où le groupe parade ensuite autour de la Place-d’Armes. Vraisemblablement exaspéré, le gouverneur Gosford, avec l’accord du Conseil exécutif, déclare illégal et inconstitutionnel le BRC et ordonne sa dissolution en ce 15 janvier 1836.

 

            Puis, afin de protester de nouveau, le groupe organise une autre réunion le 20 janvier suivant où l’on rédige une nouvelle missive aux autorités. L’organisation est ensuite reformée sous l’appellation Montreal British Legion, moins ouvertement militaire.

 

        L’héritier direct du BRC est le Doric Club. Cette association beaucoup plus radicale formée en grande partie des jeunes et ex-membres du BRC est surtout reconnue pour son affrontement face aux Fils de la Liberté dans les rues de Montréal le 6 novembre 1837.

 

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