Grégoire Bélanger

Fils de l’important cultivateur patriote de Saint-Eustache Jean-Baptiste Bélanger et de Rose Charbonneau, Grégoire Bélanger naît en ce lieu le 18 septembre 1813. Par son mariage avec Henriette Doré, fille d’Étienne Doré et de Marie-Josephte (Josèphe), il est le beau-frère de Joseph, Sévère et Séraphin Doré, tous aussi fortement impliqués dans les événements de 1837 dans le comté des Deux-Montagnes. Lors du recensement de 1842, Grégoire Bélanger est cultivateur à Saint-Eustache, probablement sur la Rivière Sud.

Il est jugé comme étant compromis dans la rébellion de 1837 à Saint-Eustache selon le curé de l’endroit, Jacques Paquin, un constitutionnel reconnu. Bélanger est aussi considéré comme un patriote par Félix Paquin, son capitaine de milice, qui établit l’allégeance de ses miliciens le 9 septembre 1839. Contrairement à son père, Grégoire Bélanger ne semble pas participer aux nombreux rassemblements populaires qui se déroulent entre 1834 et 1837 dans le comté des Deux-Montagnes.

Plusieurs témoignages confirment toutefois la participation de Grégoire Bélanger à l’expédition sur la mission d’Oka le 30 novembre 1837. Parmi ceux-ci, celui de Gilbert Spénard, menuisier de Saint-Eustache, le dénonce avec plusieurs autres. Une troupe sous les ordres d’Amury Girod quitte Saint-Eustache au soir du 29 novembre. Un second, dont Bélanger fait parti, commandé par le docteur Jean-Olivier Chénier, les rejoint à Oka tôt le lendemain matin. À cet endroit, on perquisitionne le magasin de la Baie d’Hudson tenu par l’agent McTavish. Ils y trouvent huit fusils, deux livres de poudre et 1 200 livres de plomb. Girod et Chénier se dirige ensuite au presbytère occupé par le curé Nicolas Dufresne, supérieur de la Mission d’Oka, qui refuse de leur céder un canon. Les hommes de Chénier le prennent néanmoins par la force. Le groupe rencontre ensuite les chefs iroquois qui souhaitent cependant maintenir leur neutralité dans un éventuel conflit armé.

Il est fort possible que ce soit pour avoir participé à cette escapade que Grégoire Bélanger est arrêté par les autorités et incarcéré à la prison au Pied-du-Courant à Montréal du 17 au 19 décembre 1837 sous l’inculpation de haute trahison. Il est néanmoins libéré à cette dernière date sans cautionnement.

Le 26 janvier 1838, Bélanger réalise une déposition devant le juge de paix Pierre-Édouard Leclère. Il avoue être allé au camp armé de Saint-Eustache où il a vu les Féréol Peltier, Richard Hubert, François-Xavier Grignon, Isaïe Foisy, Joseph Robillard, Louis Coursolles ainsi que les frères De Lorimier, tous armés. Selon lui, « le but de ces chefs ci-dessus nommés était de se révolter contre le gouvernement et de résister aux troupes de Sa Majesté si elles tentaient de venir au village ». Dans cette même déposition, Bélanger dénonce les individus, menés par Coursolles, qui vont affaiblir le pont Porteous le 6 décembre 1837. Dans cette histoire, il accuse même Sévère Doré, son propre beau-frère. De plus, le même Coursolles l’aurait menacé de le tuer avec une hache s’il n’acceptait pas de les accompagner. Ce dernier aurait même braqué son fusil sur le déposant! Bélanger aurait tout de même réussit à s’échapper et ainsi éviter de se joindre au groupe.

Le nom de Bélanger se retrouve aussi au sein d’une « pétition des habitants de Saint-Eustache afin d’avoir l’argent nécessaire pour reconstruire l’église paroissiale », adressée au gouverneur Charles Theophilus Metcalfe et datée du 27 novembre 1844.

Enfin, Bélanger appose son nom sur une autre pétition des habitants de Saint-Eustache pour empêcher, cette fois, le départ du curé Hyppolite Moreau, en date du 23 novembre 1852.

RÉFÉRENCES :

Archives de l’évêché de Saint-Jérôme. Pétition des paroissiens de Saint-Eustache pour empêcher le départ du curé Hyppolite Moreau, 23 novembre 1852.

Archives Nationales du Canada (A.N.C.), Feddocs, Lower Canada Rebellion looses claims 1837-1855, Project #19-2, RG 19, series E-5-B (R200-113-0-F), volume 5482, no. 190; volume 3796, #920, p. 301; volume 3796, #536, p. 717; volume 3796, #2330, p. 679.

A.N.C., recensement de 1842, County of the Lake of Two-Mountains, St.Eustache Parish, bobine C-728.

A.N.Q.M., « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2,  no. 767, déposition de Gilbert Spénard contre Amury Girod, William Henry Scott, Jean-Olivier Chénier, Amable Robillard, Hercule Dumouchel, Joseph Doré et plusieurs autres, 4 décembre 1837.

A.N.Q.M., « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no. 778, déposition de Grégoire Bélanger, 26 janvier 1838.

A.N.Q.M., « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, P224, M-165-5, no. 3091, Registre de la prison de Montréal en 1837-1838.

PAQUIN, Jacques. « Tableau politique », La Revue des Deux-Montagnes, annoté par Claude-Henri Grignon, numéro 5, octobre 1996, pages 43-65.

Répertoire des Actes de baptêmes, mariages et sépultures (R.A.B.), P.R.D.H.

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