Jacob Barcelo : chef des patriotes de Sainte-Scholastique

Le marchand et patriote de Sainte-Scholastique est né vers 1789 dans la région de Deux-Montagnes. Il a plusieurs enfants en compagnie de son épouse Luce Dorion dont Luce-Arthémise qui épouse Félix-Hyacinthe Lemaire-Saint-Germain, notaire à Saint-Benoît et Hyacinthe-Maurice qui épouse Henriette Cardinal, fille de Joseph-Narcisse, patriote pendu au Pied-du-Courant.

Jacob Barcelo prend une part active dans le mouvement patriote des années 1830. Lors de l’élection générale de 1834 dans le comté de Deux-Montagnes, Barcelo est l’un des plus fidèles partisans des candidats patriotes. Les rumeurs les plus persistantes veulent qu’il est maltraité, après la fermeture du poll le 10 novembre 1834, par des loyalistes d’origines écossaises armés de bâtons.

L’implication de Barcelo est d’autant plus significative lors des divers rassemblements patriotes. Sa participation débute lors d’un rassemblement organisé à Saint-Eustache le 4 juin 1827 afin de juger des actions du représentant du comté d’York, le seigneur Dumont. Il est alors nommé sur un comité pour la paroisse de Sainte-Scholastique. En conséquence, le lieutenant-colonel et seigneur Eustache-Nicolas Lambert-Dumont, destitue ce dernier de son poste de capitaine de milice en compagnie de la plupart de miliciens présents à l’assemblée. On le retrouve aussi lors d’une assemblée à Saint-Benoît le 21 juin 1832. À cette occasion, il est nommé au sein d’un comité de 30 personnes pour la paroisse de Saint-Benoît.

À l’occasion d’une autre assemblée tenue à Saint-Benoît le 20 mars 1834, il est nommé dans le Comité permanent du comté des Deux-Montagnes et est proposeur de la seconde résolution. Il est aussi vice-président lors d’un autre rassemblement à Saint-Benoît le 18 juin 1835 où il est élu second vice-président de l’Union patriotique.

Toutefois, sa plus importante participation consiste en la présidence de la grande assemblée patriote anticoercitive tenue à Sainte-Scholastique le 1er juin 1837. Il est présent à la 3e séance du comité de comté tenue à Saint-Hermas le 16 juillet 1837. Puis, il fait part à l’auditoire sa correspondance avec le secrétaire civil Stephen Walcott, lors de la 5e séance du comité de Deux-Montagnes à Saint-Benoît le 13 août 1837. Il fait la même lecture lors de la 7e réunion du comité le 3 septembre suivant au même endroit. Finalement, lors d’une assemblée à Sainte-Scholastique le 15 octobre de la même année, il est nommé juge de paix pour la même paroisse.

Dans le courant de l’automne 1837, la demeure de Barcelo est un lieu privilégié pour y tenir des réunions. Barcelo recueille pour sa part de l’argent pour acheter des armes et des munitions depuis la mi-novembre jusqu’au début décembre. Il se charge principalement de l’enrôlement et de l’approvisionnement des insurgés. Par exemple, Dumouchel et Barcelo, par ordre du général Girod, ont enlevé tous les animaux de ferme d’un loyal Breton de la région.

Le 25 novembre 1837, lors d’un conseil tenu par Amury Girod afin de répondre à l’appel du docteur Robert Nelson, on expose le projet de marcher sur Montréal; « Barcelo tout d’abord s’en déclare l’adversaire » tout comme Chénier, Chartier, Dumouchel et Girouard, préférant demeurer sur la défensive. Malheureusement pour lui, à Sainte-Scholastique, Barcelo n’a pas le prestige de Girouard à Saint-Benoît et de Chénier à Saint-Eustache pour s’imposer d’emblée dans sa paroisse auprès des autre capitaines.

Jacob Barcelo ne prend pas les armes lors de la bataille de Saint-Eustache. Selon l’historien Philippe Bernard, il est envoyé par Girod avec quelques miliciens afin de marcher vers le lieu de l’affrontement et ainsi prêter main-forte au docteur Chénier. Dans le comté des Deux-Montagnes, ses propriétés sont dans les premières saccagées et incendiées. À Sainte-Scholastique, la maison et la grange de Barcelo et une bonne partie de la côte Saint-Joachim deviennent la proie des pillards et des flammes. Devant la Commission des Pertes, il présente une réclamation de 1256£, mais n’obtient que 657£.

On peut supposer qu’il s’est réfugié dans les villes frontalières de l’État du Vermont aux État-Unis durant l’année 1838. Plusieurs dépositions attestent de sa présence à divers rassemblements et à sa quête d’armes et de munition à la fin de 1837. Désabusé et presque ruiné, le marchand patriote de Sainte-Scholastique meurt en ce lieu le 23 octobre 1852 à l’âge de 63 ans.

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