Pierre Vannier

Pierre Vannier est l’un de ces individus qui cumulent les charges sociales et politiques à Saint-Eustache, à l’aube du soulèvement. Il naît, croit-on, à Pointe-aux-Trembles, le 6 octobre 1797, et y est baptisé le lendemain. Il est le fils de Jean-Marie Vannier et de Marie-Josèphe Sicard.

C’est le 8 octobre 1822, à Saint-Eustache, que Vannier épouse Marie-Esther Rochon, fille d’Antoine Rochon et de Marie-Agathe Filiatreau. Le couple a au moins cinq enfants : les jumelles Marie-Marguerite et Marie-Anseline (1825), Pierre (1826), Maire-Aurélie (1830) et Sophie (1838). Les recensements de l’époque, et principalement celui de 1831, nous apprennent que Vannier est cultivateur et/ou charpentier sur le Grand-Chicot, à Saint-Eustache, où il possède une terre de 52 arpents.

Pierre Vannier semble bel et bien avoir été fortement impliqué au sein de la communauté. On le retrouve d’abord dans la milice canadienne, en 1834, en tant qu’enseigne dans le Premier bataillon du comté du Lac des Deux-Montagnes, notamment aux côtés de Maximilien Globensky, Émery Féré, Julien Choquette, Noël Joannette et bien d’autres.

Son rôle politique dans le contexte des rébellions se limite à la participation à une (peut-être deux) assemblée(s) publique(s). Ainsi, il aurait été présent à la grande assemblée constitutionnelle tenue à Saint-Eustache le 14 avril 1834 qui est organisée par les plus influentes familles bureaucrates de l’endroit. Vannier et son groupe sont alors en quelque sorte évincés de leur propre rassemblement par une horde de bruyants patriotes, présents dans la foule, qui réclament le changement de leadership de l’événement. Les loyaux, dont fait partie Vannier, nous le rappelons, poursuivent leurs allocutions chez le notaire Frédéric-Eugène Globensky où plus de 200 personnes signent l’adresse loyale.

Par la suite, aux côtés des Chénier, Coursolles, Féré, Dumouchel, Girouard, Masson et Raizenne, Vannier est signataire d’une invitation, datée du 26 mars 1836, dans le but de participer à l’assemblée patriote du 11 avril 1836 à Saint-Benoît. Cela nous paraît cependant étrange. Il s’agit vraisemblablement d’un autre Pierre Vannier résidant dans la même paroisse.

Le Pierre Vannier qui nous intéresse est jugé comme n’étant pas compromis, dans la rébellion de 1837, par le curé Jacques Paquin qui dresse un inventaire de l’allégeance de ses paroissiens en 1839. Il est aussi qualifié de la sorte par le docteur et capitaine Charles Gordon O’Doherty, qui réalise une liste semblable des habitants de Saint-Eustache la même année. Enfin, nous savons qu’il existe deux Pierre Vannier : l’un enseigne dans la milice en 1837, considéré comme patriote, et l’autre, lieutenant d’allégeance inconnue.

Le nom de Pierre Vannier se retrouve aussi sur quatre pétitions importantes. La première, datée du 11 juillet 1825, a pour but de favoriser l’érection de la paroisse de Saint-Eustache. La seconde vise à promouvoir la reconstruction de l’église détruite lors de l’insurrection de 1837. Cette dernière est d’ailleurs adressée au gouverneur Charles Theophilus Metcalfe et datée du 27 novembre 1844. Puis, le 23 novembre 1852, Vannier appose sa signature sur une pétition des paroissiens de Saint-Eustache visant à empêcher le départ du curé Hippolyte Moreau. Enfin, on le retrouve sur la seconde pétition des habitants de Saint-Eustache pour le déménagement du cimetière paroissial, le 2 août 1856.

Le 14 juin 1850, Vannier est élu comme commissaire-secrétaire-trésorier du syndic scolaire de la paroisse de Saint-Eustache, aux côtés du curé Hippolyte Moreau. Son mandat est d’ailleurs renouvelé le 4 octobre 1851. Il occupe alors le poste avec Jean-Baptiste Daoust, Noël Joannette, John Dunn et le curé Moreau. L’année suivante, on le retrouve en tant que conseiller municipal du village en compagnie de Charles Dolbec et Daniel-Auguste Plessis-Bélair.

C’est donc après une vie fort chargée que Pierre Vannier s’éteint à Saint-Eustache, le 2 septembre 1871. Il avait alors 73 ans et 11 mois. Il est inhumé deux jours plus tard devant Charles Labelle et François Proteau, qui agissent comme témoins.

Références :

Archives de l’évêché de Saint-Jérôme, Pétition en faveur de l’érection de la paroisse de Saint-Eustache, 11 juillet 1825.

Archives de l’évêché de Saint-Jérôme, Pétition des paroissiens de Saint-Eustache pour empêcher le départ du curé Hyppolite Moreau, 23 novembre 1852.

Archives de l’évêché de Saint-Jérôme, Seconde pétition des habitants de Saint-Eustache pour le déménagement du cimetière paroissial, 2 août 1856.

BAC, Feddocs, Lower Canada Rebellion looses claims 1837-1855, Project #19-2, RG 19, series E-5-B (R200-113-0-F), volume 5482, no 190.

BAC, recensement de 1825, County of the Lake of Two-Mountains, St. Eustache Parish, bobine C-718.

BAC, recensement de 1831, County of the Lake of Two-Mountains, St. Eustache Parish, bobine C-723.

BAC, recensement de 1842, County of the Lake of Two-Mountains, St. Eustache Parish, bobine C-728.

BAnQ, Milice et défence. Documents antérieurs à la Confédération. Bureau de l’adjudant général,

Bas-Canada, 1776-1850. RG 9, I A 5, vol. 14 et 16, Registre d’officiers 1831-1846, bobine 8495-8496.

BERTRAND, Gilles, Analyse des structures sociales et des groupes dominants dans le village de Saint-Eustache (1850-1880), Mémoire de M. A. (Histoire), Université du Québec à Montréal, août 1977, 108 p.

GRIGNON, Claude-Henri, Cahiers d’histoire de Deux-Montagnes, vol. 5, no 3, décembre 1982, 132 p.

La Minerve, 17 avril 1834, 15 mai 1834.

L’Ami du Peuple, 9 avril 1834, 16 avril 1834, 21 mai 1834, 5 juillet 1834.

Montreal Gazette, 8 avril 1834, 19 avril 1834.

Montreal Herald, 12 avril 1834.

PAQUIN, Jacques, « Tableau politique », La Revue des Deux-Montagnes, annoté par Claude-Henri Grignon, no 5, octobre 1996, p. 43-65.

Répertoire des Actes de baptêmes, mariages et sépultures (R.A.B.), P.R.D.H.

The Vindicator, 15 avril 1834, 25 avril 1834, 1er avril 1836.

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