Louis-Misaac Seers : vire-capot de Sainte-Rose

Nous connaissons peu de chose de cet individu. Nous savons par contre que Louis-Misaac (ou Misaach ou Misaak) Seers était un patriote de la paroisse de Sainte-Rose, sur l’île Jésus. Il est vraisemblablement le fils de Thomas Seers et de Josephte (Josette) Connoissan (Connaissant). De religion catholique, il est commerçant, aubergiste, tavernier et même cultivateur, selon les différents recensements. Il se marie à Montréal le 1er octobre 1821 avec Émelie Blache (fille d’Henry Blache et de Magdeleine Payet), avec qui il a quelques enfants.

Avec la radicalisation du mouvement patriote au Bas-Canada, et particulièrement dans les comtés des Deux-Montagnes et Terrebonne, les assemblées publiques sont croissantes. C’est dans ce contexte politique que Seers s’implique davantage. Ainsi, il participe d’abord à une assemblée tenue à Saint-Martin, le 12 juin 1836, où il propose la dixième résolution qui prône l’union de tous les habitants de la région, peu importe leurs croyances et leurs origines, sans distinctions[1].

En 1837, son rôle est de plus en plus important lors de ces assemblées. Par exemple, il est présent à Sainte-Rose lors d’un rassemblement patriote, le 11 juin 1837, où il est nommé au sein d’un comité de délégués pour sa paroisse, en compagnie d’Augustin Tassé notamment[2]. Ensuite, il participe activement à une assemblée tenue à l’hôtel Reeves de Terrebonne, le 13 août 1837, où il est cosecrétaire. Il y est aussi nommé pour sa paroisse sur le comité de surveillance pour le comté de Terrebonne[3]. Enfin, lors d’une autre rencontre du comité de surveillance du comté de Terrebonne, tenue à l’auberge d’Augustin Tassé à Sainte-Rose, le 5 novembre 1837, Seers agit encore à titre de secrétaire de l’assemblée[4].

Le reste de son implication dans les troubles demeure obscur pour les historiens. Seul Augustin Tassé nous en dit quelques mots dans sa déposition, datée du 22 novembre 1837. D’abord, Tassé dit de Seers qu’il est Allemand et qu’il est un « esprit échauffé » de la paroisse. Il affirme que lors de l’assemblée tenue en son auberge le 5 novembre précédent, Louis-Misaac Seers aurait « recommandé aux habitants de se préparer et de se défendre contre le gouvernement[5] ».

Toutefois, Seers ne semble pas avoir pris une part active aux affrontements de 1837-1838. Qui plus est, Seers peut être considéré comme étant un « vire-capot » à la cause patriote. C’est Le Populaire du 27 novembre 1837 qui nous confirme son changement d’allégeance :

M. L.-M. Seers, de Sainte-Rose, dans une lettre écrite à L’Ami du Peuple de samedi dernier, annonce que jusqu’à présent a suivi le parti dit patriote, croyant que ce parti demandait des réformes juste ; mais que voyant que ce parti suivait actuellement une ligne de conduite contraire, il se faisait gloire de professer hautement qu’il désapprouvait ses procédés. De semblables manifestations ne sauraient trop être limitées et nous conseillons à tous ceux qui furent dans l’erreur de prendre une semblable voie pour publier un désaveu nécessaire[6].

Par ailleurs, il est arrêté en octobre 1839, alors âgé de 44 ans, pour avoir bu. Au moment de la Commission des Pertes en 1837-1838, chargée d’étudier les réclamations à la suite des dommages subis durant les troubles, Seers demande au gouvernement la somme de £81, 5 sols et 11 deniers « pour des effets pillés par les rebelles ». Les autorités lui octroient finalement la somme £27, 19 sols et 6 deniers.

On le retrouve plus tard, lors de la création de la municipalité de la paroisse de Sainte-Rose en 1855, alors qu’il est nommé conseiller. Il meurt possiblement à Saint-Eustache, le 2 novembre 1857, et est inhumé trois jours plus tard au même endroit.

Références :

BAC, Feddocs, Lower Canada Rebellion looses claims 1837-1855, Project #19-2, RG 19, series E-5-B (R200-113-0-F).

BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no 646, déposition d’Augustin Tassé, 22 novembre 1837.

La Minerve, 15 juin 1837, 14 août 1837, 9 novembre 1837.

Le Canadien, 20 juin 1836.

The Vindicator, 14 juin 1836.


[1] The Vindicator, 14 juin 1836, et Le Canadien, 20 juin 1836.

[2] La Minerve, 15 juin 1837.

[3] Ibid., 14 août 1837.

[4] Ibid., 9 novembre 1837.

[5] BAnQ, « Documents relatifs aux événements de 1837-1838 », Fonds Ministère de la justice, M-165-2, no 646, déposition d’Augustin Tassé, 22 novembre 1837.

[6] Le Populaire, 27 novembre 1837.

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