La légende de Pierrot qui charge les soldats sur ses épaules

Comme tout le monde le sait, l’époque insurrectionnelle a servi à l’élaboration de plusieurs contes. Nous vous présentons, grossièrement résumée, la nouvelle littéraire relatée par Rodolphe Girard en 1930 dans
L’Almanach du Peuple sous le titre suivant : Un héros de ‘37. Nous reproduisons donc cette semaine la transcription réalisée par Robert-Lionel Séguin dans L’esprit révolutionnaire dans l’art québécois (Parti-Pris, 1972), dans lequel on y retrouve aussi une superbe représentation de ce conte.

Nous sommes aux derniers jours de ce mémorable automne de 1837. À Saint-Charles, Pierre courtise régulièrement une jeune fille nommée Virginie. Le jeune homme traîne toutefois une réputation de froussard. Un soir, revenant de veiller chez sa belle, il aperçoit une faible lueur qui filtre entre les planches mal ajustées de la cabane à sucre du père Jérôme. Pierre, qui flaire quelque chose d’insolite, s’approche prudemment du bâtiment. La flamme d’une bougie lui fait voir deux habits rouges (soldats britanniques) en train de discuter des événements récents. Le soupirant ne veut pas rater l’occasion de se racheter aux yeux de Virginie et de toute la paroisse. Saisissant un bâton, il assomme aussitôt les deux militaires sans que ceux-ci aient le temps de se rendre compte de ce qui se passe.

Tout comme des trophées de guerre, Pierre charge les soldats étourdis sur ses épaules afin d’aller les déposer aux pieds de l’élue de son cœur. Fier de son exploit, Pierre peut dès lors marcher la tête haute parmi les siens.

Références :

GIRARD, Rodolphe, « Un héros de ‘37 », Almanach du Peuple, 1930.

SÉGUIN, Robert-Lionel, L’esprit révolutionnaire dans l’art québécois, Montréal, Éditions Parti-Pris, 1972, 579 p.

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