Débat sur les rébellions au musée de Pointe-à-Callière

C’est dans le cadre de l’exposition 1837-1838 Rébellions : Patriotes vs Loyaux, tenue à Pointe-à-Callière, Musée d’archéologie et d’histoire de Montréal, que nous avons assisté, samedi le 17 novembre dernier, à un débat enlevant sur la question des troubles de 1837-1838. Ayant nous-mêmes été impliqué dans le projet de cette exposition, nous nous faisions évidemment un devoir d’assister à l’événement et de vous en rapporter les faits saillants.

Une foule impressionnante d’une centaine de passionnés de l’histoire insurrectionnelle s’étaient donné rendez-vous pour l’occasion. L’animateur de l’événement était le journaliste Pierre Maisonneuve, de Radio-Canada. Le panel d’invités était impressionnant. Il était composé des historiens Gilles Laporte, professeur au cégep du Vieux-Montréal, chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et auteur de l’ouvrage Patriotes et loyaux (Septentrion, 2004), Allan Greer, professeur d’histoire à l’Université de Toronto et auteur d’Habitants et Patriotes (Boréal, 1997), Denis Vaugeois, actuel président de la maison d’édition du Septentrion, ex-ministre dans le gouvernement Lévesque (1976-1985) et co-auteur du nouvel ouvrage La mesure d’un continent, magnifique atlas historique et cartographique du continent nord-américain et Bruce Curtis, de l’Université de Carleton, sociologue et spécialiste de la problématique sociologique-historique.

Le but de l’exercice était d’aborder les principales causes des rébellions. Chacun des conférenciers devait d’abord élaborer sa thèse. Tous furent intéressants, mais l’orateur le plus concis fut sans nul doute Gilles Laporte qui a clairement démontré l’importance de l’aspect régional dans la mobilisation autant patriote que loyale durant les troubles de 1837-1838. Pour sa part, M. Vaugeois a souligné le rôle déterminant joué par les membres des professions libérales dans la résistance armée. M. Greer a précisé son point de vue sur le rôle primordial joué par les habitants des campagnes partout dans le Bas-Canada, mais aussi de l’autre côté de la frontière dans le Haut-Canada. Enfin, M. Curtis a quant à lui affirmé qu’il n’aimait point mettre l’accent sur des causes précises telles le politique, le social, l’économique ou l’ethnique, dans son explication des événements. Il a abordé à plusieurs reprises la question de l’éducation qui était déficiente à cette époque, ainsi que la Commission Gosford qui était, selon ses dires, caractérisée par « un déplacement de la mentalité du gouvernement colonial d’une logique mercantiliste vers une logique libérale ».

À la suite du débat, une période de question avait aussi été prévue afin d’impliquer les spectateurs. Ce fut en soi, un beau rendez-vous pour les amateurs d’histoire en général.

Selon Gilles Laporte, un rassemblement d’une telle ampleur ne s’était pas observé depuis les années 1970 lorsque les Maurice Séguin, Michel Brunet et Fernand Ouellet de ce monde furent réunis dans ce type de débat. Mais pour l’heure, tous ont milité pour que l’« historien d’aujourd’hui » se rapproche de la population et s’implique, sur la place publique, dans les grands débats de nos sociétés actuelles.

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