Ludger Duvernay blessé en duel

 

Voici une autre histoire de duel tirée de l’ouvrage d’Aegidius Fauteux, Le duel au Canada. Disons d’entrée de jeu qu’à l’époque insurrectionnelle, les fameux duels étaient encore choses courantes afin de régler un litige « d’honneur » entre deux opposants.

 

L’événement met en scène nul autre que Clément-Charles Sabrevois de Bleury, avocat de Montréal, coseigneur, cofondateur du journal bureaucrate Le Populaire, député de Richelieu au moment des troubles, puis conseiller législatif ; et Ludger Duvernay, propriétaire et éditeur du journal patriote La Minerve et fondateur de la Société Saint-Jean-Baptiste.

 

Vers la fin de mars 1836, le journal patriote La Minerve ne manque pas d’écorcher les agissements de Clément-Charles Sabrevois de Bleury durant la récente élection partielle tenue dans le comté de Richelieu. Alors député, ce dernier exige une rétractation de la part du propriétaire-éditeur, Ludger Duvernay ; rétractation qui lui est catégoriquement refusée. On décide par conséquent d’organiser une rencontre entre les deux partis afin de régler le litige.

 

Le duel entre Duvernay et Sabrevois de Bleury se déroule le 7 avril 1836 à 17 h 00, « quelque part » derrière le mont Royal. Pour l’occasion, le second de Bleury est l’avocat réputé John McDonnell tandis que celui de Duvernay est son ami, le bouillant et ardent député de L’Assomption Édouard-Étienne Rodier.

           

Dès l’arrivée des belligérants, les douze pas réglementaires furent immédiatement mesurés et « l’action commença ». La première balle de Bleury atteint son adversaire vis-à-vis la poche de son manteau. Quant à elles, les deuxième, troisième et quatrième balles tirées n’eurent aucun résultat. Le cinquième tire de Bleury atteint « la partie charnue de la cuisse droite et eut même l’autre cuisse un peu égratignée ».

           

Le North American, journal patriote publié à Swanton (Vermont) affirme en 1840 que malgré une balle dans une cuisse, Duvernay aurait insisté pour l’échange d’un sixième coup de feu, mais que Bleury aurait précipitamment quitté le terrain. Enfin, selon La Minerve, après les blessures assénées à Duvernay, les deux partis auraient convenus de quitter les lieux de l’affrontement « sans explication ».

 

Au printemps prochain (2014), mon collègue Georges Aubin et moi allons publier l’ouvrage Ludger Duvernay – Mes années d’exil, 1837-1842 chez VLB éditeur. Ce nouveau bouquin lèvera le voile sur le rôle central joué par ce dernier parmi les exilés canadiens aux États-Unis durant cette période.

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